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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 16:19

les-murmures-des-morts.gifde Simon Beckett nous fait partager la troisième enquête de David Hunter, l'expert en anthropologie médico-légale, découvert dans La Mort à nu en 2007. J'ai raté le second. Mais me re-voilà pour le troisième round, frais et dispos, ce qui n'est pas le cas de la plupart des cadavres que notre expert voit s'entasser.

 

A peine remis de blessures récoltées dans le second tome et sur lesquelles je ne saurai vous éclairer, Hunter quitte Londres pour les USA afin de rejoindre Lieberman, un collègue et ami à la ferme des corps, sympathique lieu de villégiature pour légistes et cadavres à tous les stades de décomposition, dans un cadre verdoyant et paisible. Hunter y voit l'occasion de se remettre au boulot sans le stress d'une véritable enquête. Of course, la synécure espérée ne tiendra pas trois pages. Son collègue vieillissant et malade lui demande de le seconder lorsque la police découvre un corps mutilé, puis un second, puis un .... Et puis l'escalade, pas besoin de vous faire un dessin. La science aura maille à partir avec de troublantes incohérences lors des autopsies et Hunter devra croiser le fer avec un redoutable et machiavélique criminel.

 

Le roman n'est pas un chef d'oeuvre d'écriture, et une fois reposé, je me suis dit: à l'ouest, rien de nouveau. Seule ( petite ) étincelle, un final digne de ces productions cinématographiques horrifiques et grand-guignolesques dont je me goinfre à l'occasion. Du genre " Laissez parler les tronçonneuses", " Husqvarna mon amour" et autres apologies de l'outillage ...

 

En bref, seuls les mordus ne se mordront pas les doigts d'avoir dépensé 19 euros.




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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 10:12

un-froid-d-enfer.gifUn petit Lansdale que je n'avais pas encore lu en attendant LE Lansdale nouveau, une aventure de Hap et Leonard dont la parution est proche.

 

Bill se planque chez sa mère dont le cadavre empeste. Il ne déclare pas le décès pour toucher les allocs et enroule le corps dans un sac poubelle. N'ayant bientôt plus de conserves à grignoter il décide de braquer la boutique en face de chez lui en compagnie de deux ex-taulards pas forcément brillants.

 

Mais ce qui semblait être un cambriolage sans heurt tourne au jeu de massacre.Ils flinguent le type, se font prendre en chasse puis canarder. Les deux complices se font descendre, la caisse plonge dans les marais et Bill se voit coincé entre les serpents, (comme toujours des mocassins d'eau, Lansdale fourgue toujours ces bestioles) et un flic psychotique et lourdement armé.

 

Bill s'enfonce donc dans le cloaque. Il en sortira défiguré par les moustiques pour tomber sur un cirque minable dont la principale attraction est une bande de Freaks. Un homme chien, une femme à barbe, des nains, des siamois et autres phénomènes du genre. Il sera recueilli par le patron dicrètement difforme, car avec un mauvais jeu de mot de mon cru, celui-ci a le coeur sur la main.

 

Bill ne voit que des "monstres", des "nègres débiles" et des "ratés". Il ne restera que pour se planquer en attendant que son visage dégonfle, puis pour serrer de plus près la très sexy Widget la femme de son sauveur.

 

Comme souvent chez Lansdale c'est gras, vulgaire et outrancier, genre blague de mauvais goût. C'est bien pensé tout de même, et j'aime à y voir un clin d'oeil au Freaks de Tod Browning. Les monstres ne sont pas tous laids et la morale ne sauve pas toujours les justes. Derrière son côté jubilatoire et caustique le roman laisse pointer une tristesse assez touchante.


 

 

 

 

 


 

 

 


 


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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 14:57

Car l'été, s'il est synonyme de farniente, de détente, de repos et autre cessation d'activité plus ou moins consommée, est aussi pour la librairie une période de creux. Peu de coups de tonnerre ou de nouveautés, bref c'est l'accalmie ou la disette pour les affamés. C'est donc la période idéale pour relire ses classiques ou inspecter les bricoles dont on s'était dit: c'est pour bientôt. Je me suis concentré sur certains de mes vieux compagnons de lecture, vieux, voire canoniques pour certains. Un petit pincement de nostalgie m'a étreint au spectacle de ces couvertures pelées aux illustrations parfois vulgaires, ces reliures fatiguées et ces copyrights antédilluviens. Mais ce fut un plaisir, car ce n'est pas seulement le livre que je redécouvrais, c'est aussi le lecteur que j'étais. J'ai parcouru de nouveau ces paysages imaginaire que j'avais associé aux livres.

 

J'ai appris il y a peu que Straub publiait un nouvel ouvrage. Il sortirait en France en mars. Le titre est pour le moment A dark matter, mais je cite en anglais dans le texte et utilise le conditionnel, car cela demeure provisoire. C'est une heureuse nouvelle pour moi. J'ai donc consacré ces derniers jours à la redécouverte de trois de ses romans: Mystery, La Gorge et Koko afin de célébrer l'évènement. C'est par ailleurs un rituel que j'effectue à intervalle régulier depuis leur parution, pour vous dire, tout cela ne date pas d'hier.

 

J'avais envie d'en faire profiter mes hypothétiques lecteurs, car je pense que cet auteur est assez injustement boudé lorsqu'il n'est pas tout simplement inconnu. Son univers est très personnel. C'est pour moi une marque de créativité et de sensibilité. ll échappe à toute classification avec son mélange de réalisme, de polar, de fantastique et\ou d'épouvante.

 

Il utilise dans ces ouvrages, comme dans l'ensemble de son oeuvre des éléments qui se font écho, une trame narrative, des personnages ou des situations. C'est peut-être une variation, quelque chose de musical, car la musique est ici importante avec souvent le rappel de musiciens et de morceaux.

 

On peut noter l'utilisation des lieux, car la ville qu'elle s'appelle Milburn, Millhaven ou Milwaukee est la même: la géographie comme les souvenirs qui s'y rattachent sont similaires.

 

L'écrivain Underhill que l'on croise régulièrement est à la fois personnage et narrateur. Vétéran du Vietnam, il sombrera dans la drogue, entretiendra quelques relations homosexuelles pour se consacrer ensuite à l'écriture. Il rencontrera d'ailleurs Straub dans un des ouvrages pour collaborer à l'écriture de ses aventures. Ils relateront des évenements à quatre mains que nous retrouveront ailleurs sous une autre forme.  

 

Les meurtres et les meurtriers enfin, car ils sont les éternels moteurs de nos fantasmes les plus obscurs. L'assassin est dans deux des romans, un enfant placé. Sa mère d'origine hispanique est une prostituée retrouvée morte. Les parents adoptifs, des bouchers, sont des fanatiques, ils abuseront de l'enfant qui basculera dans la démence. Il est loin de la figure légendaire du serial killer à l'intelligence prodigieuse et aux desseins diaboliques. C'est la souffrance qui le caractérise avant tout, et l'empathie entre le tueur et celui qui le traque donne de l'humanité au cheminement. En effet Underhill a souffert des mêmes maux, et comprend d'autant mieux celui qu'il poursuit.

 

La figure emblématique du fantôme est essentielle dans les livres de Straub. Ces revenants, bons ou mauvais, qui à la lisière de nos perceptions, s'attachent à nos pas et apparaissent lorsque l'on approche un peu trop près de la lisière entre les differents plans de l'existence. Ils guident ou nuisent aux mortels, mais d'eux tous, il reste quelque chose ici-bas. Tous ces fils se recoupent à intervalle régulier et concourent à donner à l'ensemble une certaine cohésion et une certaine atmosphère. 

 

Straub s'est d'ailleurs fait renversé par une voiture étant enfant et cet incident est relaté de differentes manières par differents personnages. Cela explique peut-être les cercles concentriques qui se croisent tout au long de son oeuvre ou son engouement pour le mystérieux. Une tentative pour comprendre ce qui imprègne son existence entière. 

  

Son style est particulier. Il est dépourvu d'effet de manches ou de rebondissement spectaculaire, et tout en maintenant le lecteur dans un espace où l'irréalité est toujours à deux pas, il ne bascule jamais. Afin de maintenir une certaine tension, ou parce que rien n'est forcément évident? C'est parfois déroutant et peut laisser sur sa faim le lecteur impatient. Pour ma part, je relis régulièrement ses livres.

 

J'ai toujours l'impression d'être à deux doigts de comprendre. De comprendre quoi? Dixit Underhill: ce qui était en jeu ici, c'était la solidité du monde. Peut-être. Rien n'est moins sûr. Ce dont je reste persuadé c'est que Straub gagne à être découvert, ou redécouvert. Alors, Straub qui veut!

 

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 18:17

vixen.gifest le dernier volet, en date seulement j'espère, de la série des R&B. Une belle tranche de Bruen à bouffer saignante. C'est corrosif, c'est déjanté, absurde aussi. C'est tordu et c'est tordant. Nos amis les flics sont de retour. Ils sont ripoux, incapables ou teigneux. Ils sont tout cela et plus encore. Ils sont plus vrais que nature, à flirter ainsi avec la caricature. 

 

Cette fois, une ex-taularde allumée et ses deux gros bras jouent les poseurs de bombes. Nash est à l'hosto. Brant et Roberts font la nouba. Falls soigne sa cure de désintox' à coup de vodka. Le super' se plante. 

 

La routine habituelle quoi...

  

J'ai avalé la potion d'un trait. La recette me fait toujours de l'effet. Entre les citations que Bruen sélectionne avec soin, nos lascars zigzaguent, titubent et cognent. Les malfrats sont au rendez-vous et bien sûr, à la hauteur de nos espérances. De leurs joyeuses ou macabres empoignades, un semblant d'ordre émergera. Plus ou moins, et malgré la déprime ou les cuites, les conneries et les coups, "the show must go on" et nos flics s'accrochent.

 

Les pages se tournent trop vite à mon goût. La fin du livre tombe, et souvent chez Bruen elle tombe comme un couperet. Entre deux répliques cinglantes, un rebondissement bien gros et quelques cadavres, le dénouement s'abat. On franchit la ligne d'arrivée en se disant: il faut remettre ça. Prendre les mêmes et recommencer, après tout, on ne change pas une équipe qui gagne!

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 18:04

L'arbre gris se meurt.

Au ciel, à la terre,

Hélas,

Hélas.

 

La feuille d'or,

Chute, et l'été

Fauché, sentait

Comme une fleur,

 

Un fruit doux,

Ce fruit dont,

Saveur

Et chair,

 

Rendaient fou.

Tombes et croix,

Sombres ou froids,

Tout se joue,

 

L'été passé.

Sans un regret?

Est-il assez,

D'un seul été?

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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 14:48

fulmer-copie-1.gifde David Fulmer est le dernier achat de votre humble serviteur. Un petit format, idéal pour le transport, les petits budgets ou toute autre restriction.

 

Et donc, un petit rappel de l'intrigue pour commencer.

 

La Nouvelle-Orléans, nous sommes en 1907. Le quartier des maisons closes est en ébullition car des filles de joies sont retrouvées mortes, une rose noire sur le corps. Ancien policier, Valentin Saint-Cyr est désormais employé par Anderson, le roi de la pègre, pour maintenir un semblant d'ordre dans les parages. Métis, il est mal vu de tous. Dans une société raciste mais hiérarchisée en fonction de la couleur de la peau ou du degré de métissage, ses origines italo-africaines le placent tout en bas de l'échelle. Il est chargé de mettre un terme à cette histoire. C'est mauvais pour le commerce tout ça. Les soupçons se portent rapidement sur son ami Bolden. Musicien célèbre car il " jasse" comme personne dit-on. Du français jaser, c'est ainsi que l'on décrit ses envolées de notes  qui ne sont ni du blues ni rien d'autre de connu. King Bolden est une légende en ville. Mais le succès, la drogue, l'alcool et les filles en ont fait une épave aux yeux rouges se traînant de trottoirs en trottoirs. Il a des absences. Il oscille sans cesse entre défonce et sensibilité d'écorché vif. Il connaissait les victimes, toutes les victimes, et ne se souvient pas de ce qu'il a fait la veille. Bientôt Saint-Cyr se voit offrir ce choix cornélien, sacrifier son amitié pour le musicien afin de ramener la paix des esprits car il est le bouc émissaire idéal, ou résister aux pressions et poursuivre sa quête de la vérité. Dans une Nouvelle-Orléans plutôt bien campée, Valentin découvrira-t'il ce qu'il en est vraiment?

 

Je n'entre pas plus dans le détail, préférant vous en laisser la primeure, vous qui tenterez peut-être l'aventure. Ce petit voyage dans le temps et la géographie est bien mené. J'aime généralement la reconstitution historique, ou pseudo-historique pour caser du polar. Un brin de rétro, de l'exotisme, et en avant la musique!

 

Je ne suis pas devenu fan pour autant. Un brin plan-plan à mon goût. Le privé déambule vaguement, nous faisant partager au passage le décor et l'ambiance tout comme certains noms connus de la scène musicale. Je pense à ce petit clin d'oeil à Jelly Roll Morton par exemple, mais l'intrigue n'est guère haletante. Les flics veulent un coupable, le patron de Saint-Cyr veut un coupable et Bolden fait très bien l'affaire. Mais Valentin hésite. Il ne s'appelle pas Hamlet pour autant, et le périple s'enlise. Il hésitera tout au long de la promenade, et dénouera les fils de l'intrigue presque par hasard. 

 

J'en garde un souvenir mitigé, l'impression d'avoir écouté un  long solo répétitif qui s'achève trop vite sur des notes trop graves (le final est un poil lacrymal). C'était l'image musicale du jour. Mais je ne suis pas expert en la matière, car de toute manière, je ne suis pas très jazz.

 

 

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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 10:37

magdalenes.gifest une enquête de Jack Taylor. Disponible dans un format idéal pour le transport, ce qui m'allait très bien car je partais vers une contrée impie où le soleil est un affront permanent à la sensibilité bretonne. J'ai pensé que prendre dans sa musette un Taylor, c'est avoir toujours à portée de main un arrière-goût du pays.

  

Jack écrase sec. Le temps à Galway est pourri, la culpabilité le ronge, et si la lecture ne le sauve pas de la folie, la drogue et les bars lui donnent un coup de pouce. Il doit cependant un service au caïd Bill Cassel, vestige de son précédent boulot. On le somme de retrouver une religieuse du tristement célèbre couvent donnant son titre au livre. Dans les années soixante la bonne société y parquait les filles-mères et autres jeunes filles que la morale écclésiastique réprouve, pour leur faire goûter aux joies de l'internement dans le but élevé de les laver à grandes eaux de leurs pêchés.

  

Un tueur descend des étudiants, un homo l'engage pour enquêter sur la mort de son père et plus particulièrement sur sa jolie belle-maman, que le veuvage rend d'autant plus sexy. Taylor loge dans un hôtel du vieux Galway. Entre deux cachets, le foot ou un épisode de Buffy contre les vampires, le travail d'investigation prend une tournure pour le moins particulière.

 

Le caïd est cancéreux en phase terminale, et ses nervis peu courtois. La jolie veuve fricote, le couvent et les étudiants sont-ils liés? La drogue, la colère, les cartes se brouillent. Le privé craque aux entournures. Il est menacé d'un procès, sa mère est malade... Il tourne en rond, la psychose au bord des yeux, dans ce polar désespéré qui n'est finalement qu'un prétexte aux errements de ce personnage féroce mais attachant. 

 

Lorsque je lis du Taylor, c'est l'immersion totale. Jack partage ses lectures, ses alcools, sa folie ou ce qu'il regarde à la télé. Lire du Taylor c'est rentrer dans sa peau. Le voyage n'est pas de tout repos mais il vaut le détour.

 

 

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 20:18

evangile.gifest ma dernière aquisition. C'est signé Beinhart. J'avais apprécié Le Bibliothécaire.  Mais remettons les choses dans leur contexte et abordons le sujet.

 

Carl est flic. Il boit trop et touche le fond. Il est pourtant touché par Jésus. Il est sauvé. Marié et repentant, notre pêcheur vit dans la foi. Il est désormais privé et bosse à l'occasion pour une boîte de juristes. Lorsque Manny, son ami avocat, lui demande une faveur, il sent l'entourloupe mais croit suffisamment fort en l'amitié pour passer outre. Nazami, un étudiant musulman aurait assassiné son professeur de philosophie. Bienvenue dans le monde du Patriot Act et de l'incarcération sauvage. Pro Bono, l'avocat, s'accroche à la défense de son client. Lorsque Manny meurt dans ses bras, c'est pour lui faire jurer de faire justice. Malgré tout. Envers et contre tout. Et Carl accepte. Le prix à payer sera le prix fort. Carl devra faire feu de tout bois, voir le monde par un bout de lorgnette qui ne lui plaît guère et aller à l'encontre de tout ce qui donne une cohésion à son univers. Il devra bien sûr mettre en balance la justice et le confort que l'illusion chrétienne donne à  sa vie...

 

J'aimerais dire que j'ai aimé ce roman car son propos est intelligent et sa démonstration louable mais je chronique des livres car j'aime les histoires, pas parce que j'aime les théories. A ce propos, j'ai un ami pentecôtiste, et sa fréquentation, bien que pénible sur certains plans, dont celui de la lucidité, me donne à réfléchir.

 

Je connais au moins une personne de celles que ce roman épingle. Ces illuminés qui touchent l'écran en extase devant le prêche d'un quelconque évangéliste américain. Le gars qui croit sincèrement à la sorcellerie, à la possession, qui ne comprendra jamais le divorce ou l'avortement. C'est par ailleurs un gars honnête et doux qui ne ferait pas de mal à une mouche. Il est généreux et serviable, il a fait sien le principe de charité. Ce qui bien entendu est un problème. Comment reprocher à quiconque d'aider son prochain ou de partager son temps entre différentes associations caritatives? On ne peut pas. Surtout par les temps qui courent. Ce qui coince cependant, c'est qu'au nom de cette illusion sympathique, on s'égorge, on se fait sauter le caisson, on se fait la guerre et ce, depuis l'aube de l'humanité. Ce qui coince, c'est que le fanatisme est à la religion ce que le crack est au junkie. Lorsque le cheval porte des oeillères, le jockey peut bien le piquer aux stéroïdes... La religion voile le regard. Elle donne toute latitude aux illuminés, aux marchands, aux escrocs. Le pékin suit, les masses s'affrontent; au nom d'un dieu, d'un prophète, d'une politique, ou pour savoir qui pisse le plus loin. Cela n'a rien d'un débat philosophique, c'est un constat.

 

Ce qui coince dans le roman, c'est que le Deus ex Machina est trop gros. Il reprend à son compte ce que l'on reproche aux prosélytes. La démonstration, bien qu'appuyée, ne donne pas un roman haletant malgré toute la bonne volonté du monde. Carl marchera dans le désert, son pasteur n'est pas un ange et la vie n'est pas rose... J'ai songé que la morale était évidente malgré la controverse, car les ficelles étaient grosses. Carl succombe au doute trop rapidement, son monde s'écroule trop facilement. Le final, qui devrait laisser songeur, laisse un arrière-goût de convenu. J'avais espéré quelque chose de plus corrosif ou de moins politiquement correct...

 

Je le regrette. Non pas car le propos manquait d'intérêt, ou parce que l'écriture était désagréable. Simplement parce qu'il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions pour faire un bon bouquin. J'aime l'idée de ce bouquin, pas ce que j'en ai lu. J'ai peut-être tort, mais je préfère m'agiter dans le doute que me reposer sur des certitudes, ce qui finalement me fait un point commun avec Beinhart.

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 15:23

douce-flamme.gifpoursuit les aventures de Gunther le privé de Kerr que j'avais découvert dans la Trilogie Berlinoise, puis dans La mort entre autres. On m'annonce d'ailleurs qu'un autre volet est prévu. C'est une trilogie à la Lucas à mi-chemin entre Star Wars et Indiana Jones. Une trilogie en cinq actes. C'est con pour la trilogie, mais je ne m'en plains pas, j'aime bien Bernie. Celui-ci débarque dans l'Argentine de Peròn avec tellement de nazis sous de fausses identité qu'on se demande si la langue officielle du pays n'est pas l'allemand. Entre Eichmann, Mengele, Skorzeny et consorts, le Reich peut bien encore durer mille ans.

 

Gunther, grâce aux bons soins de l'église est désormais médecin, ses papiers l'attestent. Il est vieux, fatigué et malade, mais notre détective n'est pourtant pas plus près d'être en retraite que de se mettre au canevas ou aux maquettes en allumettes. On le charge de mener l'enquète dans la communauté nazie. Des jeunes filles meurent ou disparaissent, et l'affaire a des relents de déja-vu pour notre limier germain. Alternant le récit de son investigation dans le Berlin d'avant-guerre et l'Argentine des années cinquante, Gunther tombe forcément dans un imbroglio de complots et de crimes. Un magot nazi, des banquiers suisses, la fille d'Eva Peròn, la police secrète, et de bien sinistres directives gouvernementales à propos desquelles il est fort malvenu de poser des questions... Bernie devra naviguer entre passé et présent, entre hauts-fonds et bas-quartiers, cloaques ou villas, pour garder son cap, ou simplement la vie. Clubs de tango, disparitions d'enfants, l'air n'est pas exactement le même, mais le privé connait la chanson. Le couplet final lui coupera la chique pourtant.

 

L'ambiance est toujours rétro, ça me plait. Costumes et feutres, cadillacs et cigares. Ces clubs aux boiseries sombres sous des lustres illuminés où les femmes ont les jambes gainées de soie et les lèvres rouges. Les hommes portent évidemment cravates et vestons. Sans pour autant que cela nuise aux propos de l'auteur ou à ses sources historiques. L'ensemble est bien sûr plus que littéraire, mais en filligrane le questionnement reste pertinent. Le fascisme n'est-il pas une gangrène, de Santiago jusqu'à Paris? Et si en présence du Fürher ses admirateurs sentaient brûler comme une douce flamme, n'oublions pas qu'il n'y a pas de fumée sans feu, et que la mémoire est un devoir.

 

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 17:59

machine.gifde Don Winslow est un petit rayon de soleil. Hi, hi.

Il nous éclaire donc sur le quotidien d'un monsieur Machianno. Ce sympathique commercant italien est l'heureux propriétaire d' une boutique d'appâts près d'une jetée de San Diego. C'est un bosseur. Il gère trois affaires, livre du poisson, du linge de table, entretient une maîtresse haut de gamme, pourvoît aux besoins d'une ex-épouse, songe aux études de sa fille, tout en écoutant des arias ou en concoctant avec soin de savoureuses recettes. A soixante piges notre amigo tient encore la route.  Lorsque le fils d'une vieille connaissance lui demande un service, nous lui découvrons un deuxième visage, celui de Frankie Machine. Un vieux routier de la combine qui travailla plus de trente ans dans la mafia. C'est encore une légende dans le milieu, un monstre sacré revenu de tout, ayant de plus réussi l'exploit de raccrocher les gants sans offenser personne.

 

Mais ce qui semblait n'être qu'un banal rendez-vous d'affaires, où il ne jouerait qu'un rôle d'intermédiaire, tourne à la tentative d'effacement. Je dis bien tentative, car Machine reprend du service illico presto. Notre sympathique commercant n'est plus qu'un souvenir. Ciao Macchiano, les arias et les pasta al dente, papy flingue comme il l'a toujours fait, efficacement et proprement, d'où le surnom. Fini la compta, les expressos, le surf ou la causette, on ré-ouvre les vieux dossiers et on étudie les notes, les photos et les magouilles.

 

Une seule question se pose alors, qui veut la peau de Machine? Méticuleux, Frankie tourne les pages de son album perso et nous fait remonter le temps. De ses débuts dans le turbin jusqu'à la retraite. Tout y passera, les guerres entre villes ou entre familles, les époques et les modes.

 

L'hiver de Frankie Machine jette un regard sans complaisance sur la vie de cet homme paradoxal, tout en disséquant cette société d'affranchis bien éloignés du Parrain malgré de fréquents clins d'oeil au film. Un monde de crimes et de criminels. Pas de glamour et peu d'honneur, l'argent règne en roi et ses sujets s'entre-dévorent. Nous croiseront Nixon, Hoffa et les dessous peu reluisants de l'histoire américaine.

 

Alors, Frankie passera-t'il l'hiver? Tout comme les vagues aux abords de San Diego, grosses et grises sous un long-board, laissez-vous entraîner par le courant. Je pensais d'ailleurs que surfin' with Frankie aurait fait un assez bon titre car le surf a la part belle dans ce roman, ce qui lui confère profondeur et humanité.

 

J'ai reçu ce livre via le swap d'Armande dans le colis que Constantin m'a envoyé. Merci à vous deux! J'aurais bien conclu par un bon mot sur le surf, mais rien ne me vient, alloha tout de même et bon vent!

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Plusieurs cordes...

... A mon arc?

Mon beau-père, paix à son âme,  me disait souvent qu'un touche-à-tout,  n'était bon nulle part, mais mauvais en tout!

Ce bon sens,  un peu terre à terre m'a toujours fait sourire.

Pas forcement pour les raisons auxquelles l'instigateur du proverbe pouvait songer!

Le dilettantisme est une forme d'art que la morale méprise. Et bien, si se consacrer aux arts,  par pur et simple plaisir de la chose est un crime, sachez que je suis un criminel.

Je réflechissais à tout cela, car mon ouvrage informatique, s'il colporte honnêtement mon amour du polar, vous déroutera  peut-être  par ses vélléités poétiques.

Mea culpa mes amis. La faute m'en incombe, et je vais tenter de m'expliquer...

J'en reviens à cette superbe maxime à l'origine de ce texte, et,  j'ai envie de lui assener cette autre pépite du genre: Ne s'attendre à rien, c'est être prêt à tout!

C'est ainsi, avec cette toute orientale tournure d'esprit que j'ai conçu cet espace.
Je laisse aux mots, toute lattitude pour prendre la parole...

J'espère, bien sincèrement que vous apprécierez mon outrecuidance, et que mes errements ne vous lasseront pas! Ou alors, pas tout de suite!

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