Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 17:23

rankin-copie-1.gifDixit Rankin, voici le chant du cygne de Rebus. Snif snif, oh rage, oh désespoir... C'est donc ma dernière virée à Edimbourg en sa compagnie. Pubs enfumés, visages blafards et crimes tordus. Des intrigues souvent touffues car Rebus a toujours plusieurs fers au feu, un temps de chien et la solitude de ce héros hors-norme.

 

En hommage, je me suis organisé une petite virée et j'ai relu ma pile perso de Rankin...Des plus récents: L'Appel des morts, Fleshmarket close, Cicatrices, aux plus anciens tels que Le Jardin des pendus, L'Ombre du tueur, ou L'Etrangleur d'Edimbourg ... Rétrospective plutôt réjouissante car le plaisir était au rendez-vous, encore et toujours, malgré le temps écoulé et la relecture.

 

C'est un avis de sortie donc, car Rebus tire sa révérence. Avec panache of course. Un poète russe dissident est assassiné. Des magnats du pétrole, un consulat soviétique peu accommodant, des accords économiques internationaux, prière donc d'arrondir les angles... A quelques jours de la retraite, Rebus cédera-t'il? ... Lorsque la pègre et la politique marchent main dans la main, l'argent sale n'a pas d'odeur.

 

Les nantis auront-ils gain de cause? Au nom des affaires, la morale semble bien peu de choses... Une phrase de la critique anglo-saxonne orne la quatrième de couverture. Elle me revient à l'esprit car je la trouve percutante: '' Pour Rebus, le problème vient de l'establishment, pas de la pègre... Et la formule résume à peu près toute l'oeuvre de Rankin.''

 

Belle épitaphe pour ce très bon polar où nous retrouvons tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série. Que ce soit son éternel adversaire dans le crime Cafferty, l'intrigue épaisse et noire comme le goudron, ou ce dénouement brutal et magnifique, Exit Music sonne bien.

 

Une oraison funèbre s'imposerait presque, mais comme tout écossais qui se respecte, c'est mon verre que je lève...





Partager cet article
Repost0
1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 10:12

un-froid-d-enfer.gifUn petit Lansdale que je n'avais pas encore lu en attendant LE Lansdale nouveau, une aventure de Hap et Leonard dont la parution est proche.

 

Bill se planque chez sa mère dont le cadavre empeste. Il ne déclare pas le décès pour toucher les allocs et enroule le corps dans un sac poubelle. N'ayant bientôt plus de conserves à grignoter il décide de braquer la boutique en face de chez lui en compagnie de deux ex-taulards pas forcément brillants.

 

Mais ce qui semblait être un cambriolage sans heurt tourne au jeu de massacre.Ils flinguent le type, se font prendre en chasse puis canarder. Les deux complices se font descendre, la caisse plonge dans les marais et Bill se voit coincé entre les serpents, (comme toujours des mocassins d'eau, Lansdale fourgue toujours ces bestioles) et un flic psychotique et lourdement armé.

 

Bill s'enfonce donc dans le cloaque. Il en sortira défiguré par les moustiques pour tomber sur un cirque minable dont la principale attraction est une bande de Freaks. Un homme chien, une femme à barbe, des nains, des siamois et autres phénomènes du genre. Il sera recueilli par le patron dicrètement difforme, car avec un mauvais jeu de mot de mon cru, celui-ci a le coeur sur la main.

 

Bill ne voit que des "monstres", des "nègres débiles" et des "ratés". Il ne restera que pour se planquer en attendant que son visage dégonfle, puis pour serrer de plus près la très sexy Widget la femme de son sauveur.

 

Comme souvent chez Lansdale c'est gras, vulgaire et outrancier, genre blague de mauvais goût. C'est bien pensé tout de même, et j'aime à y voir un clin d'oeil au Freaks de Tod Browning. Les monstres ne sont pas tous laids et la morale ne sauve pas toujours les justes. Derrière son côté jubilatoire et caustique le roman laisse pointer une tristesse assez touchante.


 

 

 

 

 


 

 

 


 


Partager cet article
Repost0
2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 18:17

vixen.gifest le dernier volet, en date seulement j'espère, de la série des R&B. Une belle tranche de Bruen à bouffer saignante. C'est corrosif, c'est déjanté, absurde aussi. C'est tordu et c'est tordant. Nos amis les flics sont de retour. Ils sont ripoux, incapables ou teigneux. Ils sont tout cela et plus encore. Ils sont plus vrais que nature, à flirter ainsi avec la caricature. 

 

Cette fois, une ex-taularde allumée et ses deux gros bras jouent les poseurs de bombes. Nash est à l'hosto. Brant et Roberts font la nouba. Falls soigne sa cure de désintox' à coup de vodka. Le super' se plante. 

 

La routine habituelle quoi...

  

J'ai avalé la potion d'un trait. La recette me fait toujours de l'effet. Entre les citations que Bruen sélectionne avec soin, nos lascars zigzaguent, titubent et cognent. Les malfrats sont au rendez-vous et bien sûr, à la hauteur de nos espérances. De leurs joyeuses ou macabres empoignades, un semblant d'ordre émergera. Plus ou moins, et malgré la déprime ou les cuites, les conneries et les coups, "the show must go on" et nos flics s'accrochent.

 

Les pages se tournent trop vite à mon goût. La fin du livre tombe, et souvent chez Bruen elle tombe comme un couperet. Entre deux répliques cinglantes, un rebondissement bien gros et quelques cadavres, le dénouement s'abat. On franchit la ligne d'arrivée en se disant: il faut remettre ça. Prendre les mêmes et recommencer, après tout, on ne change pas une équipe qui gagne!

Partager cet article
Repost0
23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 10:37

magdalenes.gifest une enquête de Jack Taylor. Disponible dans un format idéal pour le transport, ce qui m'allait très bien car je partais vers une contrée impie où le soleil est un affront permanent à la sensibilité bretonne. J'ai pensé que prendre dans sa musette un Taylor, c'est avoir toujours à portée de main un arrière-goût du pays.

  

Jack écrase sec. Le temps à Galway est pourri, la culpabilité le ronge, et si la lecture ne le sauve pas de la folie, la drogue et les bars lui donnent un coup de pouce. Il doit cependant un service au caïd Bill Cassel, vestige de son précédent boulot. On le somme de retrouver une religieuse du tristement célèbre couvent donnant son titre au livre. Dans les années soixante la bonne société y parquait les filles-mères et autres jeunes filles que la morale écclésiastique réprouve, pour leur faire goûter aux joies de l'internement dans le but élevé de les laver à grandes eaux de leurs pêchés.

  

Un tueur descend des étudiants, un homo l'engage pour enquêter sur la mort de son père et plus particulièrement sur sa jolie belle-maman, que le veuvage rend d'autant plus sexy. Taylor loge dans un hôtel du vieux Galway. Entre deux cachets, le foot ou un épisode de Buffy contre les vampires, le travail d'investigation prend une tournure pour le moins particulière.

 

Le caïd est cancéreux en phase terminale, et ses nervis peu courtois. La jolie veuve fricote, le couvent et les étudiants sont-ils liés? La drogue, la colère, les cartes se brouillent. Le privé craque aux entournures. Il est menacé d'un procès, sa mère est malade... Il tourne en rond, la psychose au bord des yeux, dans ce polar désespéré qui n'est finalement qu'un prétexte aux errements de ce personnage féroce mais attachant. 

 

Lorsque je lis du Taylor, c'est l'immersion totale. Jack partage ses lectures, ses alcools, sa folie ou ce qu'il regarde à la télé. Lire du Taylor c'est rentrer dans sa peau. Le voyage n'est pas de tout repos mais il vaut le détour.

 

 

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 20:18

evangile.gifest ma dernière aquisition. C'est signé Beinhart. J'avais apprécié Le Bibliothécaire.  Mais remettons les choses dans leur contexte et abordons le sujet.

 

Carl est flic. Il boit trop et touche le fond. Il est pourtant touché par Jésus. Il est sauvé. Marié et repentant, notre pêcheur vit dans la foi. Il est désormais privé et bosse à l'occasion pour une boîte de juristes. Lorsque Manny, son ami avocat, lui demande une faveur, il sent l'entourloupe mais croit suffisamment fort en l'amitié pour passer outre. Nazami, un étudiant musulman aurait assassiné son professeur de philosophie. Bienvenue dans le monde du Patriot Act et de l'incarcération sauvage. Pro Bono, l'avocat, s'accroche à la défense de son client. Lorsque Manny meurt dans ses bras, c'est pour lui faire jurer de faire justice. Malgré tout. Envers et contre tout. Et Carl accepte. Le prix à payer sera le prix fort. Carl devra faire feu de tout bois, voir le monde par un bout de lorgnette qui ne lui plaît guère et aller à l'encontre de tout ce qui donne une cohésion à son univers. Il devra bien sûr mettre en balance la justice et le confort que l'illusion chrétienne donne à  sa vie...

 

J'aimerais dire que j'ai aimé ce roman car son propos est intelligent et sa démonstration louable mais je chronique des livres car j'aime les histoires, pas parce que j'aime les théories. A ce propos, j'ai un ami pentecôtiste, et sa fréquentation, bien que pénible sur certains plans, dont celui de la lucidité, me donne à réfléchir.

 

Je connais au moins une personne de celles que ce roman épingle. Ces illuminés qui touchent l'écran en extase devant le prêche d'un quelconque évangéliste américain. Le gars qui croit sincèrement à la sorcellerie, à la possession, qui ne comprendra jamais le divorce ou l'avortement. C'est par ailleurs un gars honnête et doux qui ne ferait pas de mal à une mouche. Il est généreux et serviable, il a fait sien le principe de charité. Ce qui bien entendu est un problème. Comment reprocher à quiconque d'aider son prochain ou de partager son temps entre différentes associations caritatives? On ne peut pas. Surtout par les temps qui courent. Ce qui coince cependant, c'est qu'au nom de cette illusion sympathique, on s'égorge, on se fait sauter le caisson, on se fait la guerre et ce, depuis l'aube de l'humanité. Ce qui coince, c'est que le fanatisme est à la religion ce que le crack est au junkie. Lorsque le cheval porte des oeillères, le jockey peut bien le piquer aux stéroïdes... La religion voile le regard. Elle donne toute latitude aux illuminés, aux marchands, aux escrocs. Le pékin suit, les masses s'affrontent; au nom d'un dieu, d'un prophète, d'une politique, ou pour savoir qui pisse le plus loin. Cela n'a rien d'un débat philosophique, c'est un constat.

 

Ce qui coince dans le roman, c'est que le Deus ex Machina est trop gros. Il reprend à son compte ce que l'on reproche aux prosélytes. La démonstration, bien qu'appuyée, ne donne pas un roman haletant malgré toute la bonne volonté du monde. Carl marchera dans le désert, son pasteur n'est pas un ange et la vie n'est pas rose... J'ai songé que la morale était évidente malgré la controverse, car les ficelles étaient grosses. Carl succombe au doute trop rapidement, son monde s'écroule trop facilement. Le final, qui devrait laisser songeur, laisse un arrière-goût de convenu. J'avais espéré quelque chose de plus corrosif ou de moins politiquement correct...

 

Je le regrette. Non pas car le propos manquait d'intérêt, ou parce que l'écriture était désagréable. Simplement parce qu'il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions pour faire un bon bouquin. J'aime l'idée de ce bouquin, pas ce que j'en ai lu. J'ai peut-être tort, mais je préfère m'agiter dans le doute que me reposer sur des certitudes, ce qui finalement me fait un point commun avec Beinhart.

Partager cet article
Repost0
27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 15:23

douce-flamme.gifpoursuit les aventures de Gunther le privé de Kerr que j'avais découvert dans la Trilogie Berlinoise, puis dans La mort entre autres. On m'annonce d'ailleurs qu'un autre volet est prévu. C'est une trilogie à la Lucas à mi-chemin entre Star Wars et Indiana Jones. Une trilogie en cinq actes. C'est con pour la trilogie, mais je ne m'en plains pas, j'aime bien Bernie. Celui-ci débarque dans l'Argentine de Peròn avec tellement de nazis sous de fausses identité qu'on se demande si la langue officielle du pays n'est pas l'allemand. Entre Eichmann, Mengele, Skorzeny et consorts, le Reich peut bien encore durer mille ans.

 

Gunther, grâce aux bons soins de l'église est désormais médecin, ses papiers l'attestent. Il est vieux, fatigué et malade, mais notre détective n'est pourtant pas plus près d'être en retraite que de se mettre au canevas ou aux maquettes en allumettes. On le charge de mener l'enquète dans la communauté nazie. Des jeunes filles meurent ou disparaissent, et l'affaire a des relents de déja-vu pour notre limier germain. Alternant le récit de son investigation dans le Berlin d'avant-guerre et l'Argentine des années cinquante, Gunther tombe forcément dans un imbroglio de complots et de crimes. Un magot nazi, des banquiers suisses, la fille d'Eva Peròn, la police secrète, et de bien sinistres directives gouvernementales à propos desquelles il est fort malvenu de poser des questions... Bernie devra naviguer entre passé et présent, entre hauts-fonds et bas-quartiers, cloaques ou villas, pour garder son cap, ou simplement la vie. Clubs de tango, disparitions d'enfants, l'air n'est pas exactement le même, mais le privé connait la chanson. Le couplet final lui coupera la chique pourtant.

 

L'ambiance est toujours rétro, ça me plait. Costumes et feutres, cadillacs et cigares. Ces clubs aux boiseries sombres sous des lustres illuminés où les femmes ont les jambes gainées de soie et les lèvres rouges. Les hommes portent évidemment cravates et vestons. Sans pour autant que cela nuise aux propos de l'auteur ou à ses sources historiques. L'ensemble est bien sûr plus que littéraire, mais en filligrane le questionnement reste pertinent. Le fascisme n'est-il pas une gangrène, de Santiago jusqu'à Paris? Et si en présence du Fürher ses admirateurs sentaient brûler comme une douce flamme, n'oublions pas qu'il n'y a pas de fumée sans feu, et que la mémoire est un devoir.

 

Partager cet article
Repost0
21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 17:59

machine.gifde Don Winslow est un petit rayon de soleil. Hi, hi.

Il nous éclaire donc sur le quotidien d'un monsieur Machianno. Ce sympathique commercant italien est l'heureux propriétaire d' une boutique d'appâts près d'une jetée de San Diego. C'est un bosseur. Il gère trois affaires, livre du poisson, du linge de table, entretient une maîtresse haut de gamme, pourvoît aux besoins d'une ex-épouse, songe aux études de sa fille, tout en écoutant des arias ou en concoctant avec soin de savoureuses recettes. A soixante piges notre amigo tient encore la route.  Lorsque le fils d'une vieille connaissance lui demande un service, nous lui découvrons un deuxième visage, celui de Frankie Machine. Un vieux routier de la combine qui travailla plus de trente ans dans la mafia. C'est encore une légende dans le milieu, un monstre sacré revenu de tout, ayant de plus réussi l'exploit de raccrocher les gants sans offenser personne.

 

Mais ce qui semblait n'être qu'un banal rendez-vous d'affaires, où il ne jouerait qu'un rôle d'intermédiaire, tourne à la tentative d'effacement. Je dis bien tentative, car Machine reprend du service illico presto. Notre sympathique commercant n'est plus qu'un souvenir. Ciao Macchiano, les arias et les pasta al dente, papy flingue comme il l'a toujours fait, efficacement et proprement, d'où le surnom. Fini la compta, les expressos, le surf ou la causette, on ré-ouvre les vieux dossiers et on étudie les notes, les photos et les magouilles.

 

Une seule question se pose alors, qui veut la peau de Machine? Méticuleux, Frankie tourne les pages de son album perso et nous fait remonter le temps. De ses débuts dans le turbin jusqu'à la retraite. Tout y passera, les guerres entre villes ou entre familles, les époques et les modes.

 

L'hiver de Frankie Machine jette un regard sans complaisance sur la vie de cet homme paradoxal, tout en disséquant cette société d'affranchis bien éloignés du Parrain malgré de fréquents clins d'oeil au film. Un monde de crimes et de criminels. Pas de glamour et peu d'honneur, l'argent règne en roi et ses sujets s'entre-dévorent. Nous croiseront Nixon, Hoffa et les dessous peu reluisants de l'histoire américaine.

 

Alors, Frankie passera-t'il l'hiver? Tout comme les vagues aux abords de San Diego, grosses et grises sous un long-board, laissez-vous entraîner par le courant. Je pensais d'ailleurs que surfin' with Frankie aurait fait un assez bon titre car le surf a la part belle dans ce roman, ce qui lui confère profondeur et humanité.

 

J'ai reçu ce livre via le swap d'Armande dans le colis que Constantin m'a envoyé. Merci à vous deux! J'aurais bien conclu par un bon mot sur le surf, mais rien ne me vient, alloha tout de même et bon vent!

Partager cet article
Repost0
8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 18:38

mort-entre-autres.gifC'est signé Philip Kerr qui se remet à la Trilogie berlinoise. Du coup, on peut sans doute parler de quatuor...

 

C'est évidemment Bernie Gunther qui remet le couvert. Le privé revenu de tout. La montée puis l'apogée du nazisme. Le front russe, les camps, la chute du Reich, la dénazification et son ballet d'espions. Tout un programme quoi.

 

J'avais lu L'Eté de cristal, La Pâle figure, puis Un Requiem allemand. Je me suis quand même offert l'intégrale pour un noël quelconque. Pourtant, j'ai hésité longtemps devant ce dernier Kerr. Je songeais : bluff, oisiveté, coup publicitaire... Et puis la curiosité a pris le dessus malgré tout.

 

Je l'avoue, Gunther : c'est un privé comme je les aime. Cynique car lucide, dur car éprouvé, obstiné et débrouillard mais parfois démuni face à la noirceur du monde. Il est romantique, il est dur au mal, il est le témoin lucide de l'horreur et de la vicissitude. Il est cabossé mais toujours vaillant. Il louvoie entre les allégeances et les balles de Mauser. Qui plus est, les archives regorgent de faits que Kerr place entre trois intrigues et deux génocides, et ça en jette.

 

Nous sommes désormais en 1949, Bernie est passé sous tous les radars. Il végète dans un hôtel désert avec vue sur Dachau, et surprise, les touristes sont rares. Sa femme agonise dans un hospice quelconque. La vie est belle. Pour se refaire une santé, il décide de se remettre sur le marché des privés. Filatures en tous genres et avis de recherche étant monnaie courante, il espère se remettre en fonds et s'occuper l'esprit. Frau Warzok veut s'assurer du décès de son mari avant de se remarier dans les règles de l'art catholique. Et que ses formes soient beaucoup plus aérodynamiques que celles du fût de la Grosse Bertha ne gêne en rien notre fin limier. Herr Warzok est un criminel de guerre en fuite et aux dernières nouvelles, l'Argentine lui tendait les bras. Entre nazis en cavale et juifs chasseurs de scalps allemands, notre Bernie a fort à faire. Tant et si bien qu'après un passage à tabac carabiné, il se voit contraint à un repos forcé dans un chalet isolé chez un très sympathique médecin. Et le piège se referme bientôt...

 

La suite n'est pas dans le prochain épisode mais dans le bouquin. C'est bien sûr cynique et l'histoire n'est pas tendre. Ca, c'est un euphémisme. C'est aussi bourré de métaphores et de comparaisons fleuries. Kerr donne à ces figures de style ses lettres de noblesse. Il en met à toutes les sauces et à tous les étages . Il compare et métaphore plus et mieux qu'un homme politique ne ment, qu'un lapin sous Viagra ne copule, ou qu'un russe ne boit de vodkas lorsque l'hiver et la crise l'encerclent. Il est à la comparaison ce que Stakhanov fut à la métallurgie ou Barbelivien à la médiocrité chantée. Un maître. Que dis-je, une icône.

 

 Je m'emballe bien sûr, mais il y a de la vérité dans chaque légende, alors... 

C'est pour moi un bon Bernie que nous avons là. Et pas seulement un jet de promo. Je m'étais attaché à ce personnage, je suis heureux de le retrouver tel qu'il était, malgré les coups, les bosses et les années. Ceux qui ont aimé la Trilogie devraient donc s'y retrouver. Pour les autres, une seule solution, acheter les trois autres. 

Partager cet article
Repost0
2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 18:25

Voilà la dernière page du dernier volet derrière moi. Quelques jours pour digérer, tenter d'en faire la synthèse et coucou me re-voilou.

 

Pas facile facile car Peace est une canaille, et jusqu'au bout. Son quintet joue le blues jusqu'au bout de l'impasse, dans le mur, puis entre les pierres, direction le mortier. Pour ceux qui connaissent, mon avis sur la question n'illuminera pas les ténèbres. Pour les autres, ma chandelle sera peut-être utile.

 

1974.jpgUn bref rappel avant d'entamer les choses sérieuses: 1974, Dunford est reporter, nous sommes à Leeds, une fillette a disparu. C'est une série de disparitions que notre gratte-papier va couvrir, et tout un panier de crabes qu'il va découvrir. Magouilles immobilières et/ou politiques, meurtriers et pédophiles, policiers corrompus, ça grouille, et ça grouille encore, jusqu'au final qui sent la poudre. Ca se boit noir et sans sucre, un whisky pour faire passer éventuellement.

 

1977.jpg1977, Bob est flic et l'éventreur du Yorkshire court toujours. Un marteau et un tournevis en main, quelques prostituées à son actif, notre travailleur est bien décidé à faire carrière. Il ne compte plus ses heures sup' et nos amis les flics patinent loin derrière, lorsqu'ils ne s'en mettent pas plein les fouilles avec la came, les filles ou le porno. Bob sera bien en peine de tenir la marée, entre sa femme qu'il trompe, et ses collègues qui le trompent, cette équipée laissera un goût amer dans la bouche de la justice.

 

1980.jpg1980, Hunter est envoyé au casse-pipe. Notre monsieur propre doit laver le linge sale qui s'accumule dans la machine policière. Des meurtres qui ne coïncident pas avec les schémas, des dates et des lieux à vérifier, des flics à suivre, et des flics qui vous suivent d'un sale oeil, car les vendus sont prêts à tout, jusqu'au tomber de rideau acéré comme la guillotine sur le col du condamné.

 

Voilà pour le bref, bref rappel des premières mesures de ce gros morceau concocté par Peace. Passons maintenant au final, 1983 qui voit s'achever la partition.

 

1983-fnac.gifPiggot est obèse, il est avocat et se voit chargé de la défense en appel d'un condamné lors d'une affaire de meurtre d'enfant en 1974. Mais une autre disparition, un autre accusé, puis son rapide suicide changeront-ils la donne? Ce dernier morceau est joué à plusieurs voix. Jobson, un des policiers vendus, Piggot l'avocat, B.J. l'éternel témoin en cavale que l'on croise dans tous les bouquins, et quelques autres dont je tairai le nom afin de ne pas cracher le morceau. Je ne voudrai pas gâcher la surprise à ceux qui se lancent, car la plupart des réponses gît ici ...

 

Mon avis sur la question maintenant. C'est sombre comme le cul de l'enfer nous dirait Lansdale. Peut-être trop sombre, car lorsque rien ne va plus et que tout empire... Comme si cela ne suffisait pas, la plupart des gens de bien que l'on croise dans toute cette  noirceur souffrent mille maux, et ne voient guère de lumière les auréoler. M'étant attaché à certains d'entre eux, je le regrette.

 

L'écriture est plus que particulière. Beaucoup de répétitions. Des passages oniriques et des non-dits. Peut-être à outrance. Le lecteur peut facilement se perdre, ou déclarer forfait bien avant la fin.

 

Que retirer alors de la traversée de ces années noires? Une tristesse immense tout d'abord. Ces morts, ces souffrances, ces errements. Un dégoût dévastateur ensuite. Pour cette époque en plein marasme. Pour ces gens bornés ou conservateurs, ces institutions corrompues et cette société toute entière qui vit le meurtre et la souffrance, qui toléra la corruption, pour s'attacher à la poursuite de l'argent au détriment du reste. Nous nous verrons enfin énoncer cette terrible et simple vérité: tout le monde savait et son implacable corollaire, tout le monde s'en foutait.

 

Un gros coup de poing, qui se déguste parfois comme des ongles sur un tableau noir, ou un sac plastique sur la tête, car ça frôle la torture littéraire.

 

Je ne regrette pourtant pas d'avoir fait toute la route avec Peace. Les amortisseurs étaient nazes, la route défoncée, le paysage morne et la musique triste. Mais la place du mort m'allait comme un gant. Je m'extirpe tout juste de la caisse, et regardant derrière mon épaule je me dis qu'il y avait quelque chose dans cette virée. Peace m'aura touché, malgré l'horreur, et c'est à ça que je reconnais le truc. Je ne l'explique pas vraiment, mais je le sens.

 

 Pour ceux que le rallye attire, accrochez vos ceintures, et plein gaz, la route vous attend...

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 15:34

bruen-requiem.gifest pour votre humble serviteur l'occasion de taquiner le Bruen nouveau. Mon cher Kenny sort chez Fayard un polar. Ce n'est pas un R&B, ni un Taylor. Une variation peut-être, si vous me passez le terme.

 

Shea est irish, et bon teint. Il est gardai, joue au hurling et collectionne les chapelets.

C'est aussi un grand malade dont le passe-temps est d'étrangler des femmes. Dans le cadre d'un échange avec le N.Y.P.D. , il magouille ce qu'il faut pour embarquer direction les States. Débarquant en conquérant, notre sympathique psychopathe se voit déjà croquer dans la grosse pomme. On lui assigne alors un équipier du tonnerre, Barka, accro du matraquage et vendu malgré lui. Sa soeur retardée est en institution, et la gentille Lucia coûte un pognon fou. Un triste salaire de fonctionnaire n'y suffisant pas, le flic palpe chez les ritals. Et ce joyeux merdier d'arpenter les rues de New-York afin d'y faire régner l'ordre et la loi, version Bruen. 

 

Voilà en gros pour l'histoire. Mais comme en cuisine, c'est à la cuisson que la recette se révèlera, et sous la casserole, la chaleur monte...

 

La griffe de Bruen est intacte, des paragraphes brefs et des persos hallucinés. La violence et l'absurde allant de concert, et ses habituelles miscellanées pour lancer un nouveau chapitre. L'écriture est percutante et l'intrigue plutôt légère.

 

Ses détracteurs pourraient se rengorger, dire que c'est esquissé plus que construit, schématique plus que dépeint. Emettre des tss, et des bruits peu amènes tout en avançant que Bruen ne s'est pas foulé, et qu'il nous torche son truc vite fait.

 

Mais l'air de rien, sous ses airs de cartoon halluciné, le bouquin nous emmène tranquillement où il veut, et nous laisse au final sur une belle petite pirouette.

On y croise avec plaisir Taylor, en oracle imbibé, saluant le départ de Shea avec pinte, tremblotte, et perspicacité.

 

Ce qu'il y a d'injuste avec le talent, c'est qu'un mauvais Bruen un jour de colique, vaut toujours plus que son pesant de cacahuètes. On n'y peut rien, et n'étant pas moi-même un détracteur de Bruen, je ne peux que me réjouir de cette folle, mais trop courte virée du côté de Brooklyn.

 

Que dire d'autre?

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : touteunehistoire
  • : Un amateur donne son avis en ligne sur ce qui le passionne!
  • Contact

Plusieurs cordes...

... A mon arc?

Mon beau-père, paix à son âme,  me disait souvent qu'un touche-à-tout,  n'était bon nulle part, mais mauvais en tout!

Ce bon sens,  un peu terre à terre m'a toujours fait sourire.

Pas forcement pour les raisons auxquelles l'instigateur du proverbe pouvait songer!

Le dilettantisme est une forme d'art que la morale méprise. Et bien, si se consacrer aux arts,  par pur et simple plaisir de la chose est un crime, sachez que je suis un criminel.

Je réflechissais à tout cela, car mon ouvrage informatique, s'il colporte honnêtement mon amour du polar, vous déroutera  peut-être  par ses vélléités poétiques.

Mea culpa mes amis. La faute m'en incombe, et je vais tenter de m'expliquer...

J'en reviens à cette superbe maxime à l'origine de ce texte, et,  j'ai envie de lui assener cette autre pépite du genre: Ne s'attendre à rien, c'est être prêt à tout!

C'est ainsi, avec cette toute orientale tournure d'esprit que j'ai conçu cet espace.
Je laisse aux mots, toute lattitude pour prendre la parole...

J'espère, bien sincèrement que vous apprécierez mon outrecuidance, et que mes errements ne vous lasseront pas! Ou alors, pas tout de suite!

Recherche