Reacher est de retour. Il revient chez Seuil avec l'envie d'en découdre. Cette figure du polar américain est assez proche du chevalier sans peur et sans reproche. Avec quelques billets en poche et une brosse à dents pliable, il parcourt le pays en tous sens. Il bosse un peu, de quoi se maintenir à flot, a de grands coups de bougeotte, et enfin trouve la castagne, avec à chaque fois des casse-têtes tordus et des méchants sur-qualifiés.
Volant au secours de la veuve et de l'orphelin, de son pays ou de toute autre noble cause, Reacher, c'est l'Agence tous risques à lui tout seul. Il est malin comme Futé, costaud comme Barracuda, et fin stratège comme Hannibal.
Et puis ça rigole pas, il est capable d'entendre une balle se glisser dans un barillet à dix mètres, de dos et par temps de brume, il jongle avec les chiffres, parle un français convenable, pour deux mètres et cent kilos de machine à tuer, notre Reacher national c'est LA publicité pour super-héros. Je serais encore un gosse, j'aurais un poster de lui dans ma chambre.
Il revient donc. Un matin, il découvre que son compte en banque est créditeur de mille dollars de trop. Il imprime un relevé et s'apercoit que son excédent est de 1030 dollars exactement. Il en déduit donc que l'on cherche à lui transmettre un 10-30, code d'alerte militaire. Il s'arrache alors direction L.A rejoindre Neagley, ex- sergent ayant servi sous ses ordres au sein d'une unité d'enquêtes très spéciales. Il semble que d'anciens collaborateurs, rendus à la vie civile depuis des années, disparaissent ou décèdent dans de vilaines circonstances. Le premier était privé, le deuxième, responsable de sécurité pour une boîte d'armement. Les autres sont injoignables... Ca sent l'embrouille!
On ne cherche pas des poux aux enquêteurs spéciaux. Une devise que Reacher va appliquer à la lettre, malgré l'âge, (et oui même les supers-agents ont des heures de vol au compteur), une énigme bien tordue, les flics et des supers-vilains très malins, et très vilains.
Alors bon, c'est TRES gros, c'est TRES amerloque, genre les gentils c'est nous, les vilains c'est eux, et puis comme y a des terroristes, hein?...
Pour le reste on verra lundi, car la justice, c'est la vengeance du gagne-petit, quand on bosse pour les pros, on est pro jusqu'au bout, et on finit tout le monde.
Tous les persos sont tellement campés, que le sac de couchage est à bannir, on parle de monuments, inamovibles, gravés dans le roc et ciselés à l'acide.
Et cet opus n'est pas le meilleur. Le coup de l'hélico, les terroristes et tout ça, pour ceux qui suivent un poil Reacher, ça sent la redite, un retour de la vengeance deux, quoi.
Pour le reste, tout est à sa place, pas de question trop existentielle pour l'homme-Agence tous risques, malgré la crise de la quarantaine, il surgit au lever du soleil, mitraille tout ce qui fait de l'ombre à la justice, et se retire au coucher, seul et mystérieux. Chanterait-il "I'm a poor lonesome cowboy" dans sa barbe que cela ne m'étonnerait pas. Pourvu que ça dure.